Boutès
Quignard, PascalMais l'autobiographie est-elle une clé suffisante ? On sait depuis ses premiers livres, que Pascal Quignard se tient radicalement à l'écart des modèles connus, cherchant toujours, parfois avec une vraie "gêne technique", une forme littéraire adéquate. Rien, chez lui, de l'affirmation d'un écrivain se proclamant maître de son destin, de sa parole, étranger à toute critique - ou autocritique. Rien non plus, bien sûr, des affres, des relâchements et des impasses de l'autofiction. Ici l'intime, tel un mythe bousculé par le temps, devient mesure, exemple de l'universel...
Lecteur d'abord, Quignard écrit plus vite qu'on ne parvient, qu'on ne sait le lire. Mais sa générosité est aussi grande que son érudition. Son élan plus intense encore que son savoir. Et tandis que nous réfléchissons sur une phrase, une page, il est déjà passé à la suivante. A ce stade, affirmons à son endroit un désir infini de lecture. (Patrick Kéchichian - Le Monde du 12 septembre 2008)
Avec Boutès, l'écrivain poursuit sa réflexion sur la musique. Et plonge au plus profond de lui-même. Le roman Tous les matins du monde l'avait révélé à un large public : Pascal Quignard connaît la musique et sait la faire aimer. Il apporte une nouvelle pierre à sa réflexion sur le sujet avec Boutès. Ce personnage de la légende des Argonautes croisa une île mystérieuse sur les rivages de laquelle mouraient les marins, attirés par le chant des sirènes. (Bertrand Dermoncourt - L'Express du 15 octobre 2008)
L'histoire qu'il raconte est connue : embarqué sur la nef «Argo», Ulysse parvient à échapper au charme des sirènes, bouchant avec de la cire les oreilles de ses compagnons et se faisant lui-même attacher au mât de son navire. Moins connue, l'histoire de Boutès, fils de Téléon, rameur parmi les rameurs, qui, séduit par leurs voix harmonieuses, se jeta seul à la mer pour les rejoindre...
Quignard s'est donné-nous a donné- «le temps d'un petit livre, le temps d'un dernier petit livre voué à la musique» -espérons qu'il n'en sera rien-où l'on croise Schubert, Messiaen et la musique japonaise, une belle méditation sur l'art comme artifice inventé par les hommes pour conjurer la voix des mères. (Michel Schneider - Le Point du 11 décembre 2008)